Behind closed doors || Min Soo

S’il y a quelque chose que Xuejian déteste, c’est bien de devoir retranscrire ses notes de cours du coréen au chinois pour être capable d’étudier. Il avait passé plusieurs heures à la bibliothèque, avec une tonne de dictionnaires et grammaires, à retranscrire des notes qui avaient été imprimées par l’enseignant et distribué aux élèves. Et ouais, Xuejian avait toujours l’équivalent chinois de TOUTES ses notes de cours dans son laptop. Le problème, c’était de traduire correctement, sans se tromper… et lui si doux pouvait en venir à perdre patience…

…c’était donc après avoir terminé sa traduction et être sorti de la bibliothèque que le Chinois sortit son cellulaire pour appeler chez lui…et tomber sur sa boîte vocale. Min Soo était donc, à 90% de chances, encore à l’université. Logiquement, il devait être dans le pavillon de médecine, probablement en train de faire ce fameux devoir qui était à remettre le lendemain et que Min Soo avait mis de côté le soir d’avant parce qu’il avait de quoi de plus urgent à faire… comme par exemple, posséder Xuejian sur le divan de leur salon… ahem, enfin. Il avait fini par tout simplement ne pas faire son devoir et il devait être en train de le faire.

Xuejian devait avouer qu’il était surpris de la vitesse à laquelle Min Soo pouvait faire ses projets scolaires. Avec la réputation de Casanova que le Coréen avait dans son université, réputation qui avait bien vite monté aux oreilles de sa dernière victime (qui serait la plus longue, aussi, c’est long, forever.)… il n’était pas surprenant qu’il ait appris à rapidement faire ses travaux pour avoir plus de temps pour la drague et « l’amour »…

Autre chose qu’il devait s’avouer : il ne regrettait aucunement d’avoir suivi le magnifique coréen dans son propre pays. C’était très difficile de ne parler la langue que très peu, mais il s’y faisait relativement rapidement… il se contentait de peu parler à l’école. Rendu à la maison, il se faisait un loisir d’alterner entre les deux langues, son amour faisant pareil comme lui… c’était si simple ainsi.

Alors qu’il sortait du pavillon où il était, son sac bien accroché dans son dos, il entendit une fille s’exclamer :

« C’est lui! C’est lui le nouveau colocataire de Min Soo! »

Si seulement elles savaient…

Il avait rapidement traversé au pavillon de médecine, et il se mit à chercher un peu partout. Min Soo pouvait être n’importe où, après tout… Xuejian aurait certes pu l’appeler sur son cellulaire, mais si Min Soo était dans un endroit où d’autres personnes travaillaient en même temps, il avait sans doute fermé son cellulaire. Ils avaient cette habitude tous les deux : le cellulaire est fermé, je suis avec des gens, trouve-moi ou rentre à la maison. Xuejian préférait l’option « rentre à la maison », Min Soo, l’option « trouve-moi ». Cette fois-ci, la situation avait tourné.

Il finit par trouver l’objet de ses désirs dans un laboratoire vide, plongé dans l’obscurité à l’exception de la lumière individuelle allumé au dessus du Coréen qui était penché sur un microscope. Aucune doute possible, il analysait un virus quelconque, à voir combien il était minutieux dans ses démarches.

Xuejian sourit. Ce qu’il était beau… il n’en revenait toujours pas, jour après jour il continuait à s’émerveiller à la vue du corps de son amoureux lorsqu’il se réveillait le matin. En ce moment, de le voir avec ses lunettes, tout concentré à faire son devoir, c’était une facette de plus de Min Soo avec laquelle Xuejian tombait en amour… Oh, il était déjà tombé en amour avec, les fois où Min Soo, étendu de tout son long dans leur lit, le dos contre la tête de celui-ci, les couvertures remontées jusqu’à la taille, était en train de relire des notes de cours en attendant que Xuejian finisse de se changer. Chaque fois, autant les lunettes que les notes de cours prenaient le bord bien assez vite lorsqu’un certain Chinois embarquait dans le lit pour prouver à quel point il adorait l’allure de son amoureux dans ces moments-là.

Ne voulant pas faire sursauter l’étudiant dévoué dans son analyse, l’amoureux de celui-ci ferma la porte dans le plus grand des silences et marmonna tout bas :

« Lianren?* »

Le Mandarin avait glissé sur sa langue comme rien n’était, il savait que Min Soo connaissait ce surnom, savait que c’était lui, et que la seule personne à l’utiliser pour lui, était Xuejian… le Chinois voulait bien voir quelqu’un essayer, de toute façon.

Lentement, doucement, il se rendit aux côtés de son amoureux et lui serra l’épaule, une légère pression, juste pour vraiment lui signaler qu’il était là.

« C’est rare que je te vois travailler aussi assidument... tu en as encore pour longtemps? »

plaisanta-t-il avant de se pencher vis-à-vis son amoureux, attendant son habituel baiser.

Leurs habitudes, leurs rituels... C'était eux deux, dans leur tranquilité, leur secret... car Xuejian n'aurait jamais été capable de se promener pendu au bras de Min Soo, ou encore de l'embrasser à la cafétéria après avoir reçu son repas.

*"Sweetheart" en Mandarin~

Min Soo était isolé dans un laboratoire du pavillon de médecine, seul dans le local avec pour seul compagnon une simple lumière, un microscope et tout un tas de feuilles devant lui. Il était rare de le voir ainsi, mais il était concentré au point de s’isoler dans sa bulle, entièrement concentré sur le sujet de son travail : une analyse de différents virus qu’il devait identifier en nommant toutes les caractéristiques visibles grâce au microscope et les conséquences que ces bestioles auraient sur le métabolisme humain si elles venaient à être absorbées. Le pire dans tout cela, c’est qu’il y avait un autre échantillon de virus dont il devait noter tous les changements sur une base régulière pour un travail d’observation à remettre la semaine suivante. Bref, notre Coréen était assez occupé et avait presque béni le Ciel (ou tout autre entité responsable) que son dernier cours de la journée soit annulé –le professeur étant tombé malade….il avait chopé un virus quelconque, quelle ironie!

Cela faisait déjà quelques heures qu’il était ici, les différentes questions défilant devant ses yeux, claires et concises mais tellement ennuyeuses à répondre parfois. Au moins, il avait eu un délai grâce au cours annulé, lui permettant par la même occasion de s’acheter de quoi grignoter avant de mourir de faim, mais il comptait finir le plus vite possible pour pouvoir passer le reste de la soirée chez lui. Il mourrait d’envie de prendre une bonne douche chaude….une bonne douche chaude ainsi qu’un certain Chinois avec qui la partager. L’idée d’y rester jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’eau chaude dans le réservoir était également tentante. Mais bon, il fallait finir ce foutu travail avant de pouvoir passer aux choses plus agréables! Arrêtant un instant pour s’étirer, il avait les bras ankylosés à force d’être toujours positionné de la même manière, il retira ses lunettes afin de se frotter les yeux. Si passer des heures devant un écran d’ordinateur était reconnu pour être nocif, passer le même temps à regarder dans un microscope n’était pas vraiment mieux. S’étirant une dernière fois, il remit ses verres –hypermétropie oblige- et reprit son travail.

Pourtant, même si ce retard dans son travail se révélait embêtant, le Coréen ne serait pas celui qui irait se plaindre, car penser à la raison derrière ce léger retard le ramenait à penser à son amoureux. Son fameux sourire en coin refit surface alors qu’il continuait à travailler, remplissant au fur et à mesure les différentes fiches. Xuejian et lui…qui aurait cru…

On lui aurait dit un an auparavant qu’il serait en ce moment en couple depuis déjà plusieurs mois qu’il en aurait presque rit tellement cela lui paraissait improbable, voire impossible. Par contre, quand il y pensait, il en venait toujours à la conclusion qu’il ne regrettait pas du tout d’avoir abandonné son ancien mode de vie, malgré que cela lui paraissait parfois étrange. Ce qui lui paraissait étrange n’était pas comme un vide que cet « assagissement » aurait causé, mais plutôt comme une habitude de vie à laquelle on était tellement habitué, un mode semi-automatique de notre être qu’il avait abandonner. Pour être honnête, il se demandait encore s’il ne rêvait pas, s’il ne se réveillerait pas un matin seul dans son lit, n’ayant jamais abandonné cette chasse au plaisir charnel qui réglait sa vie depuis tant d’années et que les instants de bonheur qu’il connaissait depuis les derniers mois n’avaient été que de fugaces rêves d’un idéal impossible. Ça et le fait qu’il ait réussit à dégoter quelqu’un qui ne lui remettait pas incessamment sur le nez le nombre de personnes qu’il n’avait connu que l’espace d’une soirée. Un bon nombre de ses conquêtes lui avait d’ailleurs clairement dit qu’à agir ainsi, à sauter d’un partenaire à l’autre, il finirait sa vie seul. Qui aurait envie de s’attacher à quelqu’un d’aussi volage, d’aussi peu enclin à s’attacher? Et ces personnes de rajouter, comme si flatter son ego atténurait l’amertume de la vérité, que cela risquait d’arriver malgré tout le charme et la beauté du Coréen.

Eh bien, il fallait croire qu’il avait fini par dénicher son petit miracle, même s’il avait dû aller aussi loin qu’en Chine pour le trouver. Ce qui le menait à penser qu’il n’avait d’ailleurs toujours pas remercier son père de l’avoir forcer à apprendre le mandarin quelques années auparavant. Parce que, voyez-vous, connaître la langue de quelqu’un que l’on veut courtiser, c’est pratique (même si ne pas la maîtriser complètement est toujours mieux). Il se fit une note de le remercier la prochaine fois qu’il le verrait, ce qui pouvait être dans un bon moment en tout cas.

Plongé dans son travail et ses pensées, Min Soo n’avait pas entendu la porte du laboratoire ouvrir pour laisse pénétrer silencieusement le Chinois qui occupait justement son esprit. Il entendit à peine son amoureux lui adresser la parole, l’appeler par ce surnom qu’il avait bien vite retenu et appris à aimer.

Voilà un autre truc qui était nouveau pour lui : les petits surnoms qui ne veulent souvent pas dire grand chose à part pour toute l’affection qu’ils contiennent. Il était habitué à utiliser différents types de mots du genre, mais ces mots sonnaient toujours un peu vides, surtout si l’on prend en compte qu’il les utilisait dans le seul et unique but d’attirer la personne dans un lit. Alors, cette petite routine qui s’installe entre deux personnes, c’était pour lui quelque chose d’étrange et d’agréable à la fois. Oui, ça sonnait ringard pour certains, mais Min Soo commençait de plus en plus à apprécier cela, ringard ou non.

C’est alors qu’il sentit une main sur son épaule, main qu’il ne connaissait que trop bien, ainsi que la voix qui suivit presque immédiatement après le doux contact. Min Soo ne sursauta donc pas, mais cela lui prit quelques secondes pour répondre à la question que Xuejian lui avait posée, s’émergeant peu à peu de sa concentration et de ses pensées.

«Bonjour à toi aussi » dit-il d’un ton faussement sarcastique, affichant toujours son sourire alors qu’il embrassait son amoureux.

« Tu sais bien que je suis bien plus assidu quand il s’agit de quelque chose d’autre en particulier. »

Sous-entendus à peine subtils ici, gracieuseté de Min Soo bien évidemment. Mais comme on dit, certaines choses ne peuvent être changées.

« Mais j’ai bientôt fini, il ne me reste que quelques trucs à noter. Et toi, tu as fini la traduction de tes notes pour aujourd’hui? »

Plusieurs mauvaises langues pourraient dire que la raison principale pour laquelle Xuejian avait suivi Min Soo en Corée, c’était parce que celui-ci était étudiant en médecine et donc, gagnerait énormément d’argent une fois sorti de l’université… Pauvre eux, ils n’avaient rien compris. D’autres pourraient dire que c’est en raison des extraordinaires capacités du Coréen dans un lit et encore une fois, Xuejian leur dirait qu’ils n’avaient absolument pas compris…

D’autres mauvaises langues iraient plutôt s’attaquer à Min Soo, reconnu pour ses très nombreuses histoires d’un soir, disant que Xuejian n’était qu’un jouet, que le Casanova le prenait dans son lit plus d’une fois parce qu’il fallait qu’il rentre dans son argent, quand même, apporter Xuejian en Corée, ça n’avait pas été gratuit… ou encore, il se passait toute sorte de choses en Chine… est-ce que Xuejian était l’esclave de Min Soo, caché sous l’apparence d’un colocataire? Ça expliquerait la timidité, selon eux…

Était-il si impossible que deux personnes aussi radicalement opposées puissent vivre dans une telle passion, un tel besoin d’être ensemble? Xuejian pouvait bien croire que le groupe sanguin de quelqu’un ainsi que son signe astrologique pouvait influencer la personnalité de cet individu, mais il ne croyait absolument pas au fait que cela puisse rendre cette personne incompatible avec celui ou celle qu’elle aime… Okay, il y avait cru lorsqu’il était plus jeune, mais lorsque la fille avec qui il était le plus compatible l’avait jeté là sous prétexte qu’il n’avait pas les capacités de chambre qu’elle voulait, il avait mis une croix là-dessus…

… et cela avait été la meilleure chose qu’il ait pu faire. On dit souvent qu’une personne Cancer écraserait devant la force d’un Bélier… et c’est passablement vrai que la tête dominante du couple, c’est Min Soo… mais Xuejian n’écrase pas pour autant. Aussi, bien qu’ils disent que les gens de groupe sanguin B n’en font qu’à leur tête et que ceux du groupe A sont un peu trop dociles, Min Soo n’a jamais utilisé sa dominance pour aller à l’encontre des idées de Xuejian, car le Chinois s’affirme et le Coréen respecte les idées de son amoureux. Lire ici : C’est pour ça qu’ils ont des soirées enflammées et qu’à l’université personne sait qu’ils sont un couple.

D’ailleurs la question restait dans l’établissement scolaire : Min Soo était plus studieux et on n’entendait plus parler de ses conquêtes, pas la moindre personne n’avait avoué avoir partagé le lit du sublime futur médecin… Que se passait-il? Oui Xuejian en avait entendu parlé, et jamais il n’avait reproché son amour sur son ancien mode de vie. Oh, parfois le sujet se pointait dans une conversation, mais surtout avec une touche d’humour, jamais méchant, jamais un reproche… Xuejian était un peu trop doux pour oser faire une chose pareille à la personne qu’il aime.

Avoir connu Min Soo en Corée, Xuejian était persuadé que les autres auraient été autrement. La réputation de l’ancien Casanova l’aurait précédé et Xuejian aurait tout simplement fait tout en son pouvoir pour fuir… au risque de ne devenir qu’une conquête d’un soir supplémentaire. Il bénissait le ciel qu’ils se soient connus en Chine, loin de tous les potins, loin des nombreux ex de son amant, car il avait connu Min Soo tel qu’il était, et ils avaient déjà eu le temps de développer un lien très fort, un véritable amour au lieu d’un désir corporel. C’était principalement pour cela que lorsqu’ils arrivèrent en Corée et que toutes les rumeurs sur le natif de ce pays firent surface, Xuejian l’avait embrassé et lui avait dit que tant qu’il était sa seule et unique conquête du soir, il n’en avait rien à faire de comment était Min Soo auparavant.

C’était dur à croire, n’est-ce pas, vous qui suivez les potins, qui croyez dur comme fer qu’un groupe sanguin peut empêcher deux amoureux d’être compatibles? Désolés de vous décevoir, mais ils en étaient même rendus à avoir leurs habitudes. Les surnoms, les sous-entendus…

«Bonjour à toi aussi »

Xuejian aurait roulé les yeux au sarcasme du Coréen, dans sa propre manière de taquiner son amoureux, car ce n’était vraiment pas son genre de rouler les yeux, mais il oublia complètement de le faire lorsqu’il reçut le baiser qu’il attendait. Baiser qui fut trop court à son avis, mais il aurait amplement le temps d’en avoir d’autres dans la soirée… Il n’en doutait pas la moindre seconde…

« Tu sais bien que je suis bien plus assidu quand il s’agit de quelque chose d’autre en particulier. »

Et voilà… on vous l’avait dit qu’il n’en doutait pas!!! Si Min Soo avait arrêté les conquêtes d’un soir, le nombre de fois où il se laissait aller à ses pulsions… ça n’avait vraiment pas changé… une chance que Xuejian avait un bon cardio pour être capable de fournir à la demande.

« Si je n’aurais pas si peur de me découvrir un côté jaloux et possessif, je t’aurais proposé de devenir gynécologue, chaton. »

Oui, les surnoms étaient nombreux venant de Xuejian, mais il y prenait tellement plaisir… ça et les baisers… et les caresses aussi… Autant que un était porté sur l’affection, l’autre l’était sur le sexe… besoin de vous dire qu’ils ne se lâchent jamais?

« Mais j’ai bientôt fini, il ne me reste que quelques trucs à noter. Et toi, tu as fini la traduction de tes notes pour aujourd’hui? »

« Pourquoi tu poses des questions dont tu connais déjà la réponse? Tu sais bien que je ne serais pas venu te trouver si je n’aurais pas terminé… »

Doucement, il se mit à caresser les épaules de son chéri avec un tout petit sourire.

« Il est temps que tu finisses, tu es tout bloqué... » le lamenta-t-il doucement. D’un côté, Min Soo se l’était imposé à lui-même et pour tout dire, le bas du dos de Xuejian aussi était tout bloqué!